|
Introduction |
Les drogues sont naturellement consommées pour leurs
effets mais leur usage présente toujours des risques et des
dangers.
Ces effets, risques et dangers varient selon les produits utilisés,
mais aussi selon l'usage qui en est fait, selon la sensibilité,
l’état physique et psychique du consommateur et selon
les circonstances de la consommation.
Les raisons pour lesquelles chacun peut être amené
à consommer des drogues diffèrent pour chaque individu,
son histoire, son état de santé, son environnement
familial :
- on peut boire un verre d'alcool pour se détendre, vivre
des moments de convivialité avec des amis, pour le plaisir
de goûter un bon vin, pour se sentir mieux ou surmonter
un moment douloureux,
- fumer du tabac ou du cannabis pour faire comme les autres, pour
se détendre ou se stimuler, pour un moment de plaisir partagé
avec d'autres, ou plus fréquemment parce qu'on ne peut
plus s'arrêter,
- consommer de la cocaïne ou des amphétamines pour
surmonter la fatigue et "briller en société"
ou être "performant" dans son milieu professionnel,
- consommer abusivement une substance, cannabis ou héroïne
par exemple, pour atténuer une sensation de malaise, rechercher
l'oubli d'une souffrance ou d'une réalité vécue
comme insupportable ou oublier une dépression.
La consommation de ces produits procure un plaisir ou un soulagement
immédiat, qui ne sont pas toujours contrôlés.
Mais cette consommation expose aussi à des risques et des
dangers pour la santé et le comportement social. Elle peut
également entraîner des accidents parfois graves. Elle
peut dans la plupart des cas conduire à la dépendance. |
Les effets |
Nous parlerons ici des effets recherchés par le consommateur.
Comme nous l'avons dit, ils dépendent du produit utilisé,
mais aussi de la sensibilité et de l’état physique
et psychique du consommateur, ainsi que de l’environnement
dans lequel il se trouve au moment de la consommation.
Par exemple un cachet d’ecstasy n’aura pas tout a fait
le même effet s’il est pris au cours d’une rave-party,
environnement bruyant et agité, ou chez soi, seul, en couple
ou avec des amis.
Les effets varient donc selon la nature de la drogue, nous l’avons
vu précédemment dans le "classement des drogues
selon leurs effets", pour mémoire :
- Les dépresseurs : Alcool, Médicaments
tranquillisants et somnifères (Barbituriques, Benzodiazépines...),
Opiacés (Héroïne, Méthadone, Codéine,
Morphine, etc.).
Ces produits entraînent une sensation de détente,
de bien-être et de rêve ainsi parfois qu'une perte
d'inhibition.
- Les stimulants : Tabac, Cocaïne, Crack, Amphétamines,
Médicaments stimulants et dopants, Ecstasy, GHB.
Ces produits favorisent temporairement un état d'éveil
et d'excitation et masquent la fatigue. Ils induisent un sentiment
fallacieux d'assurance et de contrôle de soi. L'effet est
généralement suivi d'un état d'épuisement
et de dépression.
- Les hallucinogènes ou perturbateurs : Cannabis
et produits dérivés, produits volatils (colles et
solvants, anesthésiques volatils), Kétamine, L.S.D.,
champignons hallucinogènes etc.
Ces produits provoquent une perturbation de la perception de l'environnement
et de la réalité : modifications de la perception
du temps et de l'espace, sensibilité exacerbée aux
couleurs et aux sons, confusion des sens (on "voit les sons"
ou on "entend les images").
Rappelons que certaines drogues peuvent, selon la dose absorbée
et le contexte d’utilisation, présenter des effets
de plusieurs catégories, c’est par exemple le cas du
cannabis.
Le consommateur, selon son désir, pourra donc à
volonté :
- Trouver la détente et l’éloignement du
quotidien avec l’alcool, le tabac, le cannabis ou l’héroïne.
- Faire preuve de convivialité avec l’alcool, le
cannabis ou la cocaïne.
- Faciliter l’empathie avec l’ecstasy.
- Rechercher une désinhibition et vaincre sa timidité
avec l’alcool, le cannabis et tous les stimulants.
- Chercher l’ivresse et le délire pour "se
défoncer" avec l’alcool, le cannabis ou, pour
un bref instant, avec les produits volatils.
- Passer une nuit folle avec de l’ecstasy pour danser toute
la nuit.
- Délirer dans un monde fantastique avec les hallucinogènes
et particulièrement le LSD ou les champignons hallucinogènes.
- Avoir l’impression (souvent fallacieuse) d’être
brillant en société et de dominer le monde avec
les stimulants, particulièrement la cocaïne ou les
amphétamines.
- Trouver un plaisir orgasmique en solitaire avec l’héroïne.
- "Soigner" sa dépression ou son anxiété
avec l’alcool, le tabac, le cannabis ou l’héroïne.
- Etc. etc.
L’éventail des possibilités et de l’intensité
des effets est donc particulièrement large.
L’accoutumance lors de consommations répétées
a pour conséquence de diminuer les effets, ce qui pousse
à augmenter progressivement les doses et conduit ensuite
à la dépendance. |
Potentiel de nuisance des drogues |
Le potentiel de nuisance ne dépend que de la drogue, c’est
sa capacité de nuisance possible envers le consommateur ou
son entourage.
Les effets et les dangers qu’il génère sont
variables d’une drogue à l’autre mais ils dépendent
aussi du consommateur, de sa sensibilité et de son état
physique et psychique.
Chaque drogue présente un potentiel de nuisance dans
trois domaines :
- un potentiel intoxicant,
- un potentiel agressogène,
- un potentiel addictif.
Potentiel intoxicant :
Chaque drogue présente à des degrés divers
un potentiel intoxicant somatique (physique), c'est-à-dire
capable de léser certains organes, pouvant aller jusqu'à
la mort par overdose pour certaines d’entre elles, et un
potentiel intoxicant psychique.
Les risques correspondants sont détaillés ci-après.
Potentiel agressogène :
Propre des produits stimulants qui suppriment les
inhibitions et donnent un sentiment de toute-puissance, mais aussi
de l'alcool et de certains produits dopants. Il conduit à
surestimer ses capacités et son appréciation du danger
et à passer à l'acte d'où les actes de violence
(agressions, violences conjugales et familiales) et les accidents
(accidents de la route, professionnels ou domestiques).
Potentiel addictif :
C’est la propriété des drogues
de conduire à la dépendance. Le potentiel addictif
est variable selon les drogues, en puissance et rapidité
d'installation, mais toujours présent.
Très rapide pour le tabac, le crack, la méthamphétamine
et les opiacés, il se manifeste plus ou moins vite avec les
autres drogues (cocaïne, benzodiazépines, cannabis)
en fonction du mode de consommation et de l'état psychique
de l'usager.
En ce qui concerne les hallucinogènes, on ne
peut parler de dépendance car il serait impossible de vivre
en permanence avec les effets produits par leur consommation.
Cette dépendance peut être physique et/ou
psychique
On peut le résumer dans le tableau suivant
:
|
Dépendance physique |
Dépendance psychique |
Alcool (si abus) |
*** |
*** |
Tabac |
*** |
*** |
Cannabis |
* |
** |
Cocaïne |
* |
*** |
Héroïne |
*** |
*** |
Produits dopants |
* à ***
selon produit |
* à ***
selon produit |
Ecstasy |
??? |
** |
Hallucinogènes |
??? |
??? |
Légende : *
faible, ** moyen, *** fort,
??? peu étudié |
Les dangers et les risques |
Les dangers et les risques varient d'une drogue à l'autre
selon son potentiel de nuisance et sont de différentes natures.
Comme les effets, ils dépendent aussi de la sensibilité
du consommateur, de son état physique et psychique. On recensera
:
- le risque somatique (physique),
- le risque psychique,
- le risque maternel et fœtal,
- le risque social.
On peut résumer ces dangers dans le tableau suivant :
|
Somatique |
Psychique |
Social |
Maternel |
Alcool (si abus) |
*** |
*** |
*** |
*** |
Tabac |
*** |
|
* |
** |
Cannabis |
*** |
** |
** |
** |
Cocaïne |
*** |
*** |
*** |
*** |
Héroïne |
*** |
*** |
*** |
** |
Produits dopants |
*** |
*** |
*** |
??? |
Ecstasy |
*** |
*** |
*** |
??? |
Hallucinogènes |
??? |
*** |
** |
*** |
Légende : * faible, **
moyen, *** fort, ??? peu étudié
Le risque somatique
C'est la capacité pour la drogue à
léser certains organes (foie ou système nerveux
pour l'alcool, destruction des neurones pour l'ecstasy, cancer
pour le tabac ou le cannabis, etc.) et à induire des maladies.
Il est résumé dans le tableau suivant
:
|
Poumons |
Foie |
Coeur |
Cerveau |
Digestif |
Alcool |
|
*** |
*** |
*** |
*** |
Tabac |
*** |
|
*** |
|
*** |
Cannabis |
*** |
|
|
** |
|
Cocaïne |
*** |
|
*** |
** |
|
Héroïne |
|
|
* |
* |
***
(dents) |
Ecstasy |
|
|
|
*** |
|
Hallucinogènes |
|
|
|
??? |
|
Légende : *
faible, ** moyen, *** fort,
??? peu étudié
Le risque psychique
Ce sont les troubles psychiques temporaires ou durables,
plus ou moins graves :
Les risques temporaires apparaissent au moment de
la consommation ou peu après. Ils incluent : modification
de l'humeur, anxiété, dépression, crises
d'angoisse et de panique, perte de contrôle de soi, troubles
du comportement, délire, épisodes psychotiques,
troubles de la personnalité, paranoïa.
Les effets les plus marqués sont produits par les hallucinogènes
(LSD, champignons, etc. ). L'alcool, le cannabis, les opiacés
et les amphétamines en ont également à un
degré dépendant de la quantité consommée
et du mode de consommation.
Les troubles, s'ils sont répétés,
deviennent durables et peuvent conduire à des affections
psychiatriques graves : dépression, psychose, paranoïa
ou schizophrénie chroniques.
Le risque maternel et fœtal
Consommées par une femme enceinte, les drogues,
pour la plupart, traversent le placenta et atteignent le fœtus.
Elles ont alors un effet délétère aussi bien
sur le déroulement de la grossesse que sur l’enfant
à naître. Elles entraînent : fausse couche,
mort in utero, accouchement prématuré, malformations
du foetus, mort subite du nourrisson, retard de croissance, anomalies
mentales.
Les conséquences peuvent être immédiates
ou n’apparaître et être détectées
que plusieurs mois ou même plusieurs années plus
tard notamment en ce qui concerne la croissance de l’enfant
ou les anomalies mentales.
Il faut remarquer qu’une dose absorbée
considérée comme faible pour la mère peut
s’avérer très forte pour un fœtus dont
la masse corporelle est infiniment moindre.
A noter :
-
Le risque maternel très fort induit sur
le foetus par la consommation d'alcool par une femme enceinte,
même sans abus, c'est le « Syndrome d'Alcoolisation
Fœtale » ou SAF qui laisse des séquelles physiques
et mentales irréversibles.
-
L'effet tératogène (risques de
malformation de l'embryon) de la cocaïne et du crack en
particulier, mais aussi d'autres drogues comme les amphétamines
et particulièrement les méthamphétamines.
-
La dépendance du foetus et du nouveau-né
lorsque la mère a consommé des drogues générant
une dépendance physique pendant sa grossesse.
Particulièrement en cas de consommation d'héroïne,
cette dépendance nécessite un sevrage médical
strictement contrôlé sous peine d'entraîner
des souffrances insupportables pour le foetus ou le nouveau-né
et des risques parfois graves.
Le risque social
Toute consommation de drogue induit un risque social.
Il peut être ponctuel ou durable selon la quantité
consommée et le niveau de dépendance. Il inclut
: échec scolaire professionnel et familial, isolement,
marginalisation, exclusion sociale, violences, accidents
Risque ponctuel :
Ce risque peut apparaître dès la première
consommation.
Il est souvent lié aux effets immédiats de la drogue
comme l'ivresse alcoolique ou cannabique, ou la perturbation des
perceptions visuelles ou auditives, ou le sentiment d'invulnérabilité
induit par les stimulants.
Il s'agit essentiellement des risques d'accident
: accidents de la route, accidents domestiques, accidents professionnels
mais également des risques de violence souvent exprimée
en violence conjugale ou violence familiale envers les enfants.
Un accident, selon sa gravité, peut entraîner
des blessures et un handicap à vie pour les autres ou pour
soi-même ainsi que des dommages à réparer
et à payer durant des années, voire une vie entière.
Risque durable :
Lié à la répétition
des consommations et particulièrement à la dépendance,
il inclut :
-
Les échecs scolaires et professionnels
causés par la démotivation ou l'incapacité
à accomplir certaines tâches.
-
Les échecs de la vie conjugale et
familiale causés par la difficulté, pour les
proches, de supporter le comportement et les réactions
du consommateur, que ce soit des comportements de passivité
excessive ou au contraire, de violence.
-
La délinquance pour se procurer
l'argent nécessaire à l'achat de drogue (vol avec
ou sans violence, chantage, etc.), que cette délinquance
s'exprime à l'extérieur ou au sein de la famille.
Cette délinquance pouvant conduire à la prison
et à de lourdes peines d'amende.
-
La marginalisation allant de la mise
à l'écart au sein de la famille ou de son cercle
d'amis, jusqu'à la perte de son emploi et/ou de son logement
et la mise à la rue.
En conclusion
Tous ces produits, s'ils procurent à court terme un plaisir
ou un soulagement, sont dangereux à court, moyen et long
terme pour la santé physique et psychique et généralement
perturbateurs de la vie sociale.
Pour quelques instants de plaisir, ils peuvent conduire à
la dépendance et à des années d'enfer.
|
|
|